
Texte par Sabiin Schen

Tant attendu, Phoenix, le double album d’Évélina Simon est enfin arrivé. Nous la connaissons professeure de harpe et fondatrice du site Harp School, mais Évélina est en réalité bien plus que cela. Au delà de ses talents pédagogiques indiscutables, c’est une artiste complète. Harpiste émérite s’étant représenté, entre autres, au concours de Harpe Celtique du Festival Interceltique de Lorient, elle est également compositrice, chanteuse, autrice d’heroic fantasy et de contes et est dotée d’une merveilleuse créativité. Pour preuve, l’invention d’une langue chantée magnifique et dépourvue de sens direct, la musicalité des sons primant alors sur le sens littéraire. Il fallait y penser…et y arriver!
L’invitation est chaleureuse avec une pochette féerique représentant la fameuse harpe bleue d’Évélina toisée par un Phoenix, ce rapace de légende, de couleur or. L’association du bleu reposant de l’eau et du jaune flamboyant du feu nous donne le ton. Le livret est agrémenté de magnifiques clichés d’Évélina dans la nature avec une louve ainsi qu’avec ses différentes harpes que l’on entend sur l’album. On peux aussi voir les musiciens Martí Lafond, batteur et compagnon d’Évélina et le bassiste Hugo Molka, tous deux présents sur le premier cd. On apprécie la présence des paroles des chansons, coutumes qui s’est un peu perdue cette dernière décennie.Cet album est composé en deux parties: Fire et Water. Le premier, accompagné de la batterie et de la basse est détonnant. C’est une invitation à se trémousser. Le second est plus proche de la nature avec des accompagnements de flûte amérindienne et les sons de la nature.
Les deux cd nous proposent des ambiances différentes mais semblent pourtant indissociables tant ils sonnent comme un aboutissement de différentes inspirations et de longues années de travail. Les élèves d’Évélina reconnaîtront certains morceaux, ici réarrangés.Côté technique, rien à redire (qui en aurait douté?!). Évélina exploite la harpe dans toute sa splendeur. On notera des lignes de basses structurantes et une main gauche assurée donnant le ton des morceaux à la perfection sur Fire, accompagnée d’une main droite mélodique dansant avec virtuosité sur la tessiture. Nombreuses harmoniques merveilleusement placées incitant au voyage sont présentes sur l’ensemble des deux cd. Des ornements celtiques type Jig qui se dégustent comme un bon scotch 20 ans d’âge au coin du feu sur Water, quelques percussions et frottements sur la table d’harmonie ainsi que des effets de vibrations imprimés par les fourchettes de demi-tons de la harpe classique sur Fire, voilà qui met du sel et du poivre à l’ingrédient brut délicieux qu’est la harpe. Des basses puissantes et efficaces et l’accompagnement très dynamisant de la batterie mettent le feu sur Fire (Évélina sait choisir ses mots et ses ambiances!), le tout, saupoudré du chant tantôt en anglais, tantôt en français, basculant même de l’un à l’autre ainsi que d’une langue inventée nous transportant d’histoires d’amour en aventures et en états d’âme pimpants avec la voix divine d’Évélina.
De reprises en compositions personnelles, Évélina nous offre un voyage musical exquis, faisant vibrer nos émotions aussi bien qu’elle fait vibrer les cordes de ses harpes. Invitation à la fois au voyage, à la danse et à la méditation, c’est un double album complet et cohérent dans la démarche musicale.
Mon sentiment personnel à l’écoute: je me vois danser sur le parquet sous des tonnelles en juillet avec le cd Fire et me voit nu-pieds dans une nature verdoyante, mon sarouel volant au vent avec le cd Water. Évélina est une harpiste résolument éclectique et elle nous prouve ici tout son talent et sa riche inspiration, passant de sonorités orientales et celtiques au reggae ou encore au jazz avec un naturel frisant l’insolence! Elle se fait plaisir avec sa musique et ses harpes et ce plaisir nous parvient si clairement qu’il en est contagieux.
Un gros point pour Évélina et qui est assez rare avec la harpe est que ses mélodies sont suffisamment marquantes pour rester dans la tête et ça, même en tant que passionnée de harpe, je ne l’ai pas vécu souvent.
Mention spéciale pour le remix WildSpark de Black Is The Color par Yohann Simon sur le cd Fire qui nous propose une facette divine de cet incontournable de la musique celtique.De 2020, on ne retiendra pas que du négatif, l’album Phoenix étant clairement une pépite que cette année nous aura offert. On en redemande.
à écouter sur : http://evelina-simon.fr/
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